24 novembre 2008

IM Arizona : Le compte-rendu

Après une saison vide d’entraînement (ou presque) en 2007, prendre part à un Ironman en 2008 n’était envisageable qu’en fin de saison.
Cela me donnait le temps de me refaire une base sur la première partie de l’année avant d’enchaîner avec le travail spécifique « longue distance » lors des mois d’été.

La préparation avait été excellente et je savais être prêt hormis une difficulté à revenir à mon niveau en vélo (Précédemment mon point fort).

Dimanche 23 novembre – 3h30

Comme d’habitude, je me réveille très tôt afin d’avoir avalé mon petit déjeuner (un plat de pâtes) pour 4 heures du matin soit trois heures avant la course, digestion oblige.
Nous arrivons sur le site de l’épreuve vers 5 heures du matin.

Commence alors la « préparation » du vélo à savoir gonfler les pneus et coller les barres énergétiques sur le cadre.
Dès cet instant, je me coupe de ce qui se passe autour de moi. Je suis hyper concentré, insensible à ce qui se passe (heureusement, en général à cet instant, les supporters sont déjà partis sur le parcours).

J’enfile ma tenue de natation et me rends au départ.
Les professionnels partent 10’ avant nous. Je me lance à l’eau au moment où ils s'élancent.
Le soleil n’est pas encore levé et l’eau est plus chaude que la température extérieure (la nuit, dans le désert d’Arizona, il fait froid, froid, froid).

Comme annoncé, je souhaite enfin descendre sous la barre de l’heure pour les 3.8 km de natation.
Pour ce faire, je me place en première ligne légèrement décalé sur la gauche où il y a moins de concurrents.
Nous sommes plus de 2000 au départ.

Départ de l’Ironman Arizona – 7h00

Juste avant le départ, hymne national. On va finir par le connaître par cœur tant on l’aura entendu ces derniers jours. (Lors de la pasta party, avant la course, lors de la remise des prix, etc.)
A 7 heures précise le canon tonne.

Je sprinte, bien décidé à accrocher le bon wagon. Mais je ne m’étais jamais placé en première ligne sur Ironman et j’ai failli regretter ce choix. En effet, pendant les premiers mètres, c’est un vrai « combat » pour garder sa place. Je me retrouve vite en dette d’oxygène et j’hésite à continuer la lutte avec tous ces furieux lorsque je vois un espace s’ouvrir à ma gauche. Je m’y faufile et commence à calquer mon rythme sur le nageur à côté de moi. Ouf, ça y est, la bagarre est terminée, les positions sont déjà marquées et vu la rapidité avec laquelle cela s’est fait (1’30 au maximum) je pense avoir réussi mon départ.
A présent, je dois calquer mon rythme sur les autres nageurs.
Mais là où il y a un souci c’est lorsqu’un autre triathlète décide de faire la même chose. Peu avant le turning point (le parcours se compose d’un aller et retour dans le plan d’eau), je constate que le triathlète sur qui je base mon rythme semble faire de même avec moi. Hop, vite un coup d’œil pour me rendre compte que l’on dérive complètement et que l’on n’est plus sur le parcours. Petite accélération pour rejoindre le groupe avec lequel nous étions et, je réintègre le pack sans avoir perdu trop de forces dans l’aventure.
Au turning point, je vois un groupe devant notre peloton. Je tente un instant de faire le bond mais là, je sens que je m’épuise vraiment trop.
Je resterai donc dans mon peloton fort d’une dizaine d’autres nageurs jusqu’à la fin des 3800m.
Dans les 500 derniers mètres, je sens des crampes apparaître au niveau des mollets. Cela m’inquiète un peu (des crampes à cet instant, que sera-ce ensuite ?) mais je ne veux pas perdre le contact. Je modifie donc quelque peu ma technique de battement de jambes pour prévenir ces foutues crampes.

Voilà la rampe d’escalier.
Je sors de l’eau, un coup d’œil au chrono… 56’50 !!!! YESSSS !!! Super chrono ! Le moral qui était déjà excellent est à présent gonflé à bloc !!!

Des volontaires nous aident à enlever nos combinaisons de natation, au passage nous prenons notre sac comprenant nos affaires vélos (casque, chaussures), petit détour par la tente de transition où d’autres volontaires nous tartinent les épaules de crème solaire puis nous courrons jusqu’au parc à vélo où j’enfourche mon Canyon et pars pour une « randonnée » de 180 km.

En route pour 180 km à vélo – il est 8h01

Le soleil est levé et je ne sens pas trop le froid qui est encore présent à cet instant. Je démarre prudemment en surveillant à présent mes pulsations histoire de ne pas me laisser griser par l’euphorie d’un début de course réussi.

Le parcours vélo est un aller/retour de 60 km à réaliser trois fois. Le parcours est plat pour l’essentiel avec un long faux plat en son milieu.

Les jambes tournent bien et plus de traces des crampes. A l’approche du turning point, je puis faire un état des lieux des coureurs devant moi. Il y a bien sûr tous les pros mais pas tellement de groupes d’âge. Cela explique pourquoi je suis quasi toujours seul.
Sur le retour, je croise James qui n’est pas très loin derrière moi. Il a encore réussi une très belle natation le bougre ! Avec l’entraînement qu’il a, c’est joli !
Pendant ce temps quelques triathlètes sont revenus de l’arrière, je tente de me calquer sur leur rythme mais ils y vont vraiment fort. Je boucle le premier tour à plus de 36 de moyenne (1h39) mais à l’entame du deuxième, je laisse partir les triathlètes avec qui je roulais. Soit ils sont vraiment forts, soit je les reverrai sur le marathon.

Aux alentours du 100e km, alors que je roule seul depuis 20 km, un triathlète revient de l’arrière. Il me dépasse pour ralentir une fois placé devant moi. Ne pouvant pas rouler à moins de 4 vélos de distance du triathlète qui me précède (pas de drafting), je le repasse puis à nouveau il me dépasse et vient se positionner devant moi. A cet instant, je suis quelque peu distrait (je bois et suis en train de faire des calculs quant à mes temps de passage… On s’occupe comme on peut :-)).
C’est ce moment que choisit un arbitre pour me dire : « # 679, red card for drafting ».

PAF ! Ma bulle de concentration explose ! Hein, quoi ? Je ne discute quasi pas mais m… ! C’est peut-être le triathlon où j’ai été le plus seul sur le parcours vélo et c’est là que je me prends une carte. Le plus frustrant, c’est surtout de voir en sens inverse des pelotons entiers qui se moquent des règles de drafting comme de leur premier cuissard !
Cette carte rouge m’oblige à m’arrêter dans une des « Penalty tent » du parcours pour effectuer ma pénalité à savoir 4’00 d’arrêt.
Je m’arrête à la tente se trouvant à l’entame du troisième tour (Je viens de boucler le 2e tour en 1h42).
Sonia se trouvait justement là à m’encourager (Je retranscris texto ce qu’elle me dit lors de mon arrêt : « Vas-y Jean-Christophe, vas-y… Mais… maispourquoitutarrêtes (à lire en très très rapide J »).
Je profite des 4’00 pour échanger quelques mots avec elle.

Au terme de la pénalité, l’arbitre me libère. Je repars prudemment en veillant à ne plus approcher personne. Je me modère également dans le faux-plat puisque le vent qui y souffle depuis ce matin ne facilite pas le travail.

Je rentre finalement au parc à vélo en 5h10. Un peu mitigé.
Un volontaire prend en charge mon vélo, je prends mes affaires de course à pied et passe en un éclair dans la tente de transition.

J’entame la course à pied après 6h13 de course.

En route pour le marathon, il est 13h13 (Un porte bonheur ?)

Rapide calcul : je dois courir le marathon en moins de 3h47 si je veux être sous les 10 heures (qualification probable pour Hawaii en espérant des désistements) ou en 3h32 pour être sous les 9h45 (là, c’est la qualif’ assurée).
Oups, moins de 3h32, ça ne va pas être coton !

Il me faut près de 5 km pour trouver mon rythme. Je me sens bien et hésite à accélérer. Des panneaux indiquent tous les 5 km. Mon objectif était de tourner sous les 5’00 au km mais là, je tiens un rythme inférieur au 4’30.
Jusqu’au 20e, je suis en accélération permanente (Je cours le tronçon entre le 15e et le 20e en 21’36 !!!).
Le parcours comprenait là également trois tours de 14 km.
A l’entame du dernier tour, je sens un coup de moins bien. Je ralentis le rythme et m’efforce de prendre un gel à chaque ravitaillement même si je frise déjà l’overdose.
Et cela marche ! Après quelques km en plus de 5’00/km, j’arrive à me relancer pour boucler les derniers 2,2 km en moins de 10’00 non sans avoir ralenti dans la dernière ligne droite.
Je savoure en effet cette ligne droite. Je n’ai jamais terminé un Ironman aussi frais, je sais que je vais passer à nouveau sous la barre des 9h30 après un marathon incroyable où j’ai super bien géré ma seule défaillance.
Je passe la ligne dans un signe rageur ! Je me suis prouvé que je pouvais revenir à mon niveau d’avant 2007. Je me suis prouvé que ma qualification pour Hawaii 2006 n’était pas le fait de la chance.

A l’issue de la course, je passe au massage. Je m’hydrate beaucoup par contre, je n’ai pas faim. Détour par l’infirmerie où je vais faire soigner mes pieds éprouvés par un marathon couru sans chaussettes :-///.
Ensuite, j’attends l’arrivée de James.

Il arrive juste au-delà des 10h15. En me voyant, il laisse échapper un sanglot. Le résultat ne répond pas à ses attentes et surtout, il s’en veut d’avoir craqué mentalement sur le vélo.
Pourtant, au vu des soucis rencontrés durant sa préparation, son chrono est éblouissant !

Les résultats sont affichés au fur et à mesure.
Je termine 54e ! Honnêtement, au vu des chronos des éditions précédentes je m’attendais à un meilleur classement (je visais le top 50) mais le nombre de professionnels engagés ne m’autorisait pas beaucoup d’espoir.
Je suis 20e amateur et 5e dans mon groupe d’âge. Comme il y avait 10 slots alloués pour Hawaii, je serai de la partie lors des Ironman World Championships en 2009 :-)))).

Un petit mot sur la récupération. Dès le mercredi, je retrouvais une marche normale et le jeudi, je n’avais plus la moindre douleur.
Les entraînements ont donc payé pendant mais aussi après la course. J’ai savouré l’épreuve comme jamais et le trip en Amérique de l’Ouest qui suivait la course s’est super bien déroulé puisque je n’étais pas trop éprouvé.

Merci à vous tous qui avez suivi cette course. Merci pour vos messages qui sont une source de motivation incroyable.

Remerciements tout particulier à :
- Vincent Guillaume et ses entraînements natation choc. Si on pousse plus avant nos entraînements communs, je devrais encore gagner quelques minutes sur la partie swim !
- Yves Meurisse pour tous les entraînements en commun et l’enthousiasme qu’il met dans sa découverte du triathlon. Motivant !
- Fabrizio Minarini pour nos entraînements communs également et nos « courses dans la course ». Sans oublier son état d’esprit hyper positif. Une vraie source de bonne humeur !
- James Pirnay. LE compagnon d’entraînement et de compétition. On s’est motivé l’un l’autre tout le long de la préparation. Man, je regrette vraiment que tu ne sois pas de la partie avec moi à Hawaii ! Partie remise !!!!
- Et enfin, last but not least, ma supporter numero uno, Sonia, qui me permet de vivre ma passion à fond. Muchas gracias Cariñin !

A présent, en route pour le second épisode de « JCGOESTOHAWAII »
L’ironman d’Hawaii 2009, ce sera le 10 octobre !!!

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