La Chine depuis Hong Kong ? Un vrai casse-tête !

Comme annoncé jeudi dernier, je comptais me rendre en Chine à l’occasion du WE de Pâques.
Visa en poche, il ne devait pas y avoir de soucis pour y aller. Rien de prévu si ce n’est tenter de rejoindre Canton (Guanghzou).

Je me trace un itinéraire pour atteindre le poste de frontière. A ce sujet, j’en repère trois sur la carte : Le premier est celui du train Hong Kong - Shentzen, le second, celui de l’autoroute (Et je ne pourrais y passer qu’en bus donc), reste un troisième point tout à l’Est. La route me semble accessible à un vélo, ce sera donc celle-là…

Je me mets en route en début d’après-midi (Un peu trainaillé au départ). Il fait gris et frais. Avant de me mettre en route pour le poste frontière, je me rends tout d’abord chez un marchand de cycles connu à Hong Kong : Flying Ball (Je ne vois pas le rapport avec le vélo mais bon…)… Enfin, j’essaie de m’y rendre. Situé à deux pas de Kowloon, je ne trouverai jamais la boutique. J’ai l’adresse mais je n’ai pas pris un plan détaillé des rues vu que le magasin est sensé se trouver sur l’une des plus grandes artères de Hong Kong… Je tourne en rond, je m’énerve et finalement me dis tant pis, c’était pas indispensable, GO TO CHINA !
Mais bon comme indiqué, je suis assez énervé et le fait de ne pas trouver le début de l’itinéraire que je me suis fixé m’énerve encore plus.
Je fais des allers et retours dans des rues qui se terminent systématiquement en cul de sac ou qui me conduisent sur les autoroutes.
Après une heure à ce petit jeu, j’en ai marre et je stoppe là mon périple… C’est pas possible, quelle ville de dingo !

Une bonne nuit de repos, et au réveil, c’est revigoré que je me dis : « Où est ce foutu début d’itinéraire…Il faut que je le trouve sans ça, je vais me sentir enfermé sur ce bout de territoire et c’est pas trop bon pour mon moral »
Bref, j’y retourne après avoir détaillé au millimètre l’itinéraire à suivre.
Il faut savoir qu’une carte routière ici est inutile puisque c’est un plan détaillé des rues qu’il vous faut mais ce plan détaillé, c’est un volume épais comme un plan de Bruxelles mais 4 fois plus grand donc prenant 4 fois plus de place dans mon sac à dos où l’espace est déjà rationné. Bref, je ne le prends pas avec moi d’où l’itinéraire détaillé sur un bout de papier. (Et j’ai une photocopie du plan des rues de la zone de départ de l’itinéraire… Heuuu… Vous suivez ?)

Je reprends donc ma recherche, je me trompe encore une fois de route… Le temps d’arriver à un temple tout en couleur et dorure.

Photo et zouplà, je redescends (Puisque comme de juste ce temple se trouve au sommet d’une bosse de parfois plus de 15% !) et reprends ma recherche. Je me remémore le plan, le début se trouvait au Nord…
Allez, j’avise une route qui me semble aller dans la bonne direction (Notez que je fais ça depuis hier !)… Yes, cette fois-ci, c’est la bonne, c’est la Route Twisk.
En fait cette route s’avérera être un vrai col (Plein de passages à plus de 10% !!!) mais quel plaisir. Il serpente à travers un parc naturel… Au sommet, c’est la brume et une température assez fraîche mais que ça fait du bien.
Redescente dans la vallée (En contre bas, j’aperçois la ville de Shek Kong… Ma première réflexion sera : « Enfin une ville à taille humaine »… Je me rends compte par là-même que non, je ne me suis pas encore habitué à Hong Kong et ses tours immenses)
Fini les villes de dingos, ici je m’y retrouve facilement et je prends la direction de la Chine. Après trois heures de ballade. STOP ! Un poste de contrôle… Ben, je ne suis pas encore à la frontière pourtant…
Un policier me demande si j’ai un permis pour aller plus loin.
Moi : « J’ai mon visa pour la Chine »
Le policier : « Non, non, il vous faut un permis».
Moi : « Et comment l’obtient-on ce permis»
Le policier : « Allez voir l’officier »

Ok, j’y vais… Là, je me retrouve face à trois personnes qui me disent que non, ce n’est pas possible, on ne délivre pas de permis et sûrement pas aux étrangers, que c’est un no man’s land et que la seule façon pour moi de me rendre en Chine est de prendre le train ou le bus. Ce poste-ci m’est totalement inaccessible. Notez suis pas sûr d’avoir tout compris (Ils parlaient l’anglais mâtiné d’un peu de chinois…) mais l’essentiel du message c’est : ON YOUR BIKE ? NO WAY !

Bon, ben, vu l’heure je n’ai plus le temps de redescendre jusqu’à une station de train. J’arriverais à la première ville chinoise le soir tombant et ça ne me tente pas…

Un truc que je ne comprends pas… Hong Kong a été rétrocédée à la Chine il y a bientôt dix ans… Pourquoi encore un No man’s land ???

Tant pis, la Chine ce sera pour une autre fois, j’aurai au moins vu le nord de Hong Kong plus à fond… Et pour bien terminer cela, je retourne par une autre voie.
On m’avait signalé qu’il existait une piste sympa pour les vélos à l’Est d’Hong Kong… Allons-y donc…
C’est vrai que c’est super mais tout le monde se dit ça et surtout les familles donc retour slalom entre les enfants.

Arrivé à Sha Tin, je regarde ma carte, Ok, j’arriverai juste avant la nuit. Je suis les panneaux routiers, OK, c’est bien indiqué… Mais bord… voilà que je suis sur une autoroute !!! HELP !!! C’est quoi ce foutoir, aucun panneau ne l’indiquait !!! Et pas de sorties en vue… Stress !!! Je me cale sur la bande des bus mais ils me dépassent plein gaz et je ne suis pas rassuré du tout (Assez que pour prendre une photo quand même…).
Et voilà que j’arrive à un péage… Ha oui, il y a un tunnel à travers la montagne et il faut payer le passage… Et moi, je fais quoi là-dedans… Voilà qu’arrivent des officiels… Je leur explique où je veux aller. Sympa, ils me disent comment m’y rendre mais je suis obligé de reprendre l’autoroute pour faire demi-tour…
Je fais ça à fond de train et me retrouve à nouveau dans Sha Tin, je tourne en rond pendant une demi-heure et finalement, un passant m’indique enfin comment sortir du « guêpier »…
Vous allez penser « Mais pourquoi, depuis hier, ne demande-t-il pas sa route ? »
Ne vous y trompez pas, je demande bien mon chemin mais ici il faut le demander 10 fois avant d’être enfin sur la bonne piste. Je m’explique :
La première condition, c’est que la personne comprenne votre demande. Il ne faut pas croire mais tout le monde ne parle pas l’anglais ici loin de là… Lorsque je m’adresse à certaines personnes, soit elles m’ignorent soit elles froncent les sourcils me signifiant « Qu’est-ce que tu me veux toi ? »… Seule une minorité me fait comprendre « Désolé, je ne parle pas Anglais ».
Et quand les personnes parlent Anglais, je ne comprends en général pas le nom des localités ou des rues qu’ils m’indiquent (Exemple : Shenzen qui est la première ville chinoise en quittant Hong Kong se prononce Chum chun… Vous y auriez pensé vous ?). Bref , c’est souvent un langage de sourd et au final, je me retrouve quand même à chercher mon chemin par moi-même.

Bref, j’arrive à sortir de Sha Tin (Mais j’ai douté des indications de mon interlocuteur, je croyais m’engager à nouveau sur une autoroute). Je passe la montagne pour me retrouver du côté de mon logement mais la nuit est tombée pendant l’ascension… Vu que les bus et les métros n’acceptent pas les vélos, je suis obligé de continuer… Et puis à la base, ça me ferait râler de ne pas aller au bout de ma journée...

De toute façon, les 20 derniers km se font sur une route peu fréquentée (Je l’ai découverte hier… Bonne route d’entraînement).

Rien à signaler sur ces 20 dernières bornes sinon le magnifique spectacle des ponts autoroutiers…
Au final, j’aurai quand même passé près de 8 heures sur mon vélo… Pas mal non plus…

Pas de regrets pour la Chine, il faudra que j’organise ça autrement mais la journée en valait quand même la peine…

A+

Jay Sie